Nous avons déjà discuté des divergences et des difficultés que rencontrent les chercheurs pour traiter de l’historicité de l’État kiluba. Pierre de Maret situe les débuts de l’organisation sociopolitique dans la dépression de l’Upemba aux VIe, VIIe et VIIIe siècles. Il place le début de l’État kiluba (Maret, 2018 : 133-141) en 1700, estimant que c’est là une évidence que tout le monde pourrait admettre. Cependant, la naissance de l’État kiluba, que les auteurs appellent « royaume Luba » ou « Empire Luba », ne fait pas l’unanimité et reste un sujet de débat non résolu jusqu’à ce jour parmi les chercheurs. Le tableau ci-dessous résume les thèses des auteurs sur la naissance de l’État kiluba.
Nom de l’auteur | Siècle ou année | Référence |
Banza Mwepu Mulundwe | 700 : VIIIe siècle | 2001 : 61 |
Lukanda Lwa Malale | 1150 (XII siècle) | 2018 : 496-497. |
Pierre de Maret | XIIIe siècle | 1985 : 33. |
Isidore Ndaywel è Nziem | 1300 : XIVe siècle | 2011 :45. |
Crine-Mavar | 1450 : XVe siècle | 1974 : 76. |
Vansina Jan | 1500 : XVIe siècle | 1965 : 55. |
Verhulpen Edmond | 1545 (premier) : XVIe siècle | 1936 : 136. |
1585 (deuxième) : XVIe siècle | ||
Pierre de Maret | 1700 : XVIII è siècle | 2018 :134–144. |
Thomas Q. Reefe | 1700 : XVIIIè siècle | 1981 : 59. |
Mary Nooter Robert | 1700 : XVIII è siècle | 1996 : 14. |
Source : élaboration de l’auteur, Bilbao, 05 mars 2023.
Les chercheurs demeurent largement divisés quant à la période précise de la genèse de cet État. La diversité des hypothèses complique la détermination rationnelle d’un siècle exact pour sa fondation. Certains spécialistes semblent toutefois envisager l’émergence de l’État Kiluba comme une manifestation quasi miraculeuse, lui attribuant une origine mythologique (Heusch, 1972 : 15). Luc de Heusch fut le précurseur de la théorisation de cette perspective mythologique dans son ouvrage structuraliste intitulé Mythes et rites bantous : Le roi ivre ou l’origine de l’État. Depuis lors, l’ensemble des chercheurs se penchant sur l’histoire politique du Kiluba se réfèrent principalement à l’analyse structurale développée par Luc de Heusch.
Contrairement à l’analyse structuraliste qui interprète l’État Kiluba à travers le prisme du symbolisme mythique, il est possible, comme le suggère Ela, d’adopter une méthodologie axée sur le dynamisme des sociétés africaines. Cette approche est particulièrement adaptée à l’étude des sociétés dépourvues de système d’écriture, permettant ainsi une restitution plus précise de l’histoire politique de l’État Kiluba et de ses origines.
Il est plausible que Heusch ait omis de considérer qu’avant la formation de l’État Kiluba, les Baluba avaient déjà établi divers royaumes, tels que le Royaume de Bene-Nkimbi, le Royaume de Kibawa Umpemba, le Royaume de Kinkondja, le Royaume de Mutombo Mukulu, et le Royaume de Kilumba. Ces entités politiques étaient régies par le système politique du Bufumu. Restituant l’arrivée de Mbidi à Mwibele Ntanda, Burton dépose :
« Pendant ce temps, au lac Boya, le nécromancien Mijibu avait fait appeler Nkongolo pour lui dire : « La chefferie s’avance vers Boya. Tu ne pourras jamais être souverain car tu es le fils d’un roturier, mais si tu veux te faire un nom et une belle situation, il te suffit de bien accueillir et de respecter le nouveau chef. Si par contre tu lui résistes, tu mourras ». Nkongolo décida, à part lui, de supprimer le futur chef sans délai, bien qu’il eût assuré à Mijibu qu’il lui ferait bon accueil » (Burton, 1961 : 387).
L’expression traduite par « la chefferie s’avance vers Boya » se rend en kiluba par « Bulopwe abo bufwena ku Boya », ce qui implique que le Bulopwe est en train de se rapprocher de Boya. Il a été précédemment souligné qu’en français, il n’existe pas de terme précis pour traduire le vocable Bulopwe. Si Mbidi Kiluwe personnifiait ce Bulopwe en mouvement, cela suggère que Nkongolo n’était pas le premier Mulopwe parmi les Baluba dans leur totalité et qu’à l’Est, chez les Baluba Bakunda, dont la langue et les traditions sont kiluba, le Bulopwe avait déjà une présence vivante et influente. Selon Vansina, « Ilunga Mbili venait manifestement d’une chefferie bien structurée, bien que son emplacement demeure en grande partie inconnu » (Vansina, 1965 : 56). Par conséquent, ni Nkongolo Mwamba, ni Ilunga Mbidi Kiluwe, ni Kalala Ilunga n’ont initié ou constitué le Bulopwe. Ce système politique était déjà en place avant leur naissance. Ilunga Mbidi Kiluwe provenait de la chefferie de Kibawa Umpeba où son père, Sendwe Mwalaba, exerçait la fonction de Mulopwe. Nkongolo Mwamba, quant à lui, était originaire du royaume de Bakalanga (Womersley, 1984 : 1-9).
L’hypothèse de la mythologie étatique est donc infondée. L’État Kiluba résulte de la convergence ou fédération des États-royaumes et chefferies préexistantes (Crine-Mavar, 1973). Nkongolo Mwamba a procédé à leur unification sous une direction politique unifiée, et Kalala Ilunga a consolidé cette unification par une réorganisation systématique de l’ensemble (Sendwe, 1954 : 111-113).
L’État Kiluba émergea à partir de la fédération des anciens États-royaumes des Baluba, un phénomène qui ne correspond nullement à une origine mythique, contrairement aux affirmations de Luc de Heusch. La conscience historique kiluba rejette toute origine mythique pour le système politique de l’État Kiluba. En réalité, c’est le Bulopwe que les autochtones attribuent à une origine divine, en le reliant à la création des Baluba avec le premier ancêtre, Ilunga Nshi Mikulu, qui aurait reçu de son Dieu quatre objets sacrés fondateurs du Bulopwe (Lukanda, 2016 : 44 & 2018 : 15-16). Concernant la période historique, nos recherches indiquent que la fédération des Baluba, autrement dit l’empire Kiluba, aurait été constituée au VIIIe siècle, selon l’évolution du dynamisme politique, comme nous le démontrerons dans la seconde partie de cette étude.
Notre avis
La détermination de la liste exhaustive des souverains ayant régné sur la fédération et l’État Kiluba, ainsi que l’établissement du siècle de l’émergence de l’État Kiluba, doivent être dissociées du système politique désigné sous le nom de Bulopwe. En effet, ce système politique existait de longue date, comme nous l’avons précédemment démontré. Il n’a été véritablement appliqué qu’après la fondation de la fédération Kiluba. Et c’est pourquoi nous faisons référence à l’État Kiluba plutôt qu’à Bulopwe bwa Buluba. Bien que nous ne disposions pas de documents écrits, l’interprétation avisée des traditions orales, les données fournies par les chroniqueurs arabes, les colonisateurs ainsi que les témoignages du siècle dernier, conjuguées aux résultats des recherches archéologiques, ethnologiques et historiques, nous ont permis de définir approximativement le siècle de la naissance de la fédération générale des Baluba et de l’État Kiluba.
Comme nous l’avons souligné, le siècle de la naissance de cet État demeure une hypothèse, bien que fondée sur des travaux scientifiques. Il est en effet difficile de déterminer un siècle qui fasse consensus au sein de la communauté scientifique. Les chercheurs ont établi la période de l’État Kiluba en se basant sur les informations disponibles, mais cette détermination ne résiste pas toujours à l’examen des faits. Ces chercheurs ont souvent manqué de données cruciales, telles que l’accès à Muvungo wa Bumbudye, et ont également négligé la conscience collective kiluba, en raison des conceptions préconçues qu’ils avaient de l’histoire et de la culture des Baluba.
Un exemple de ce phénomène est l’analyse structurale de Luc de Heusch, qui considère que les premiers fondateurs de l’État Kiluba sont des figures mythiques, et qu’ils ne devraient pas être inclus dans la liste officielle des Balopwe. De son côté, Reefe va encore plus loin en rejetant plus de dix Balopwe, les qualifiant de personnages imaginaires ajoutés à la liste officielle par les historiens traditionnels pour prolonger l’histoire de l’État Kiluba dans le temps et l’espace (Reefe, 1981 : 47). Il fixe la naissance de cet État autour de 1700, tandis qu’Edmond Verhulpen la situe vers 1585 (Verhulpen, 1936 : 136).
Les travaux scientifiques modernes sur l’histoire kiluba reposent généralement sur les hypothèses de Reefe et de Heusch, selon lesquels l’origine de l’État Kiluba se trouverait dans des récits mythiques de fondation. Comme nous le verrons, ces auteurs ont interprété de manière erronée les données orales recueillies auprès des anciens, d’une part, et étaient imprégnés d’« idées ou préjugés mythologiques sur l’histoire kiluba », d’autre part. Ce biais les a conduits à formuler des conclusions qui, bien que scientifiques, apparaissent comme inexactes par rapport à la culture kiluba. Il est possible d’enrichir leurs travaux en clarifiant le mode de pensée kiluba, que ces auteurs n’ont pas pleinement appréhendé.
Un aspect essentiel mérite d’être souligné : la lacune dans les écrits de chercheurs peu familiarisés avec la culture kiluba réside dans leur incapacité à décoder le langage symbolique et les images employées par les ancêtres pour transmettre leur histoire. Les anciens utilisaient des mots et des images pour narrer les grands événements historico-politiques et sociaux survenus dans le Buluba. Pour illustrer ce point, l’ancien Ilunga évoque la révélation divine chez les Baluba, confirmant ce que nous venons d’affirmer :
« Quelle que soit la manière dont le seigneur a transmis les messages prophétiques, ceux-ci s’appuient sur deux éléments essentiels auxquels il convient de prêter la plus grande attention : les mots et les images.
Par exemple : « KUNGWA-BANZE, KYULU KYAMI KYONKUNGA, DYOKYAFUMINE NADYA NSWA ». Ce message est formulé dans un langage propre à la culture kiluba. L’obscurité dont est ainsi enveloppé cette veille littérature ne constitue-t-elle pas pour l’étranger (sinon pour beaucoup) une difficulté invincible ? Singulière encore, c’est la façon sinon la méthodologie employée pour conserver et préserver de l’altération ces messages aussi longtemps possible de nos Aïeux à nos jours. Ces révélations supposent l’intelligence non seulement des mots et des phrases, mais des réalités et des images, des idées et des sentiments qui y sont exprimés (…). Nos ancêtres ne connaissaient pas l’écriture au sens occidental du terme, mais ils avaient une méthode pour transmettre aux enfants et fixer dans leur mémoire des choses ou des enseignements qu’ils souhaitent leur inculquer, et pour qu’ils puissent les conserver de génération en génération sans les altérer.
En voici un exemple : Afin d’apprendre le milieu : les noms des terres et des rivières, les noms des oiseaux et des animaux, etc., on employait des jeux de compétition appliqués dans des chansons qu’on exécutait autour de feu. Les enfants s’efforçaient de retenir les noms des choses de leur environnement et d’ailleurs. Pour inculquer et faire respecter la morale et la coutume, on utilisait des contes (Ngano en kiluba) et des fables (mikoyo en kiluba) dans lesquels les animaux prenaient la place des hommes. Les tabous et interdits constituaient des règlements très stricts. Dans ce contexte, il n’est pas étonnant de trouver dans le langage secret et mystique, l’usage des personnalités qui sont représentés par les animaux » (Tharcisse, 2012 : 4-8 & 23).
Tout est dit : le langage secret et imagé a été utilisé pour conserver l’histoire des grands événements historico-politiques et sociaux. L’histoire de Kalenga Mamba Masanza, Nkumwimba Nkongolo Mwamba, Kalala Ilunga, et d’autres figures similaires n’a pas échappé à ce mode de transmission, puisque les faits marquants de ces héros historiques ont été transmis à travers un langage codé et imagé. Reefe et Heusch ont échoué à déchiffrer ce langage secret, ce qui les a empêchés de comprendre que l’origine de l’État Kiluba est ancrée dans des récits historiques transmis sous forme codée et symbolique.
Nos recherches ont permis de percer certaines vérités qui demeuraient obscures pour les premiers auteurs du siècle dernier, et peut-être même pour de nombreux contemporains. Notre contribution vise à éclaircir ce langage secret afin de dissiper les malentendus entre les éléments mythologiques et les faits historiques. Cela permet de corriger en partie les erreurs et les mauvaises interprétations concernant l’origine de l’État Kiluba. Il est crucial de ne pas oublier que ces erreurs d’interprétation risquent d’effacer la mémoire des Grands Penseurs de l’unité politique kiluba ainsi que celle de leurs descendants.
Notre démarche consiste à formuler des hypothèses prenant en compte l’évolution de la dynamique historico-politique kiluba. La première étape de notre analyse a été de nous éloigner de la perception mythologique de l’histoire kiluba. Nous nous sommes interrogés sur la possibilité que la tradition orale reflète une vérité historique concernant l’existence des Balopwe, en nous appuyant sur des preuves onomastiques, matérielles, physiques et morales de leur existence, codées dans un langage secret et mystique. Comme le soutient Mutonkole, l’existence de Nkongolo Mwamba et des autres Balopwe ne relève pas du mythe (Mutonkole, 2007 : 110–124). Il a écrit :
« Un fait mérite d’être signalé : les lieux où ont vécu les empereurs et ceux où s’étaient passés des événements importants existent jusqu’aujourd’hui, avec leurs noms anciens, vieux de plusieurs siècles. Celui que la tradition présente comme le premier empereur s’appelle Nkongolo Mwamba et il a vécu à Mutombo Mukulu (territoire de Kanyama) et à Mwibele (territoire de Kabongo). Il est mort à Kayi (territoire de Kabongo). Kalala Ilunga déplace sa capitale et s’installe à Munza (territoire de Kabongo). On l’appelle Mwine Munza, le Maître de Munza » (Mutonkole, 2007 : 130).
Cette citation démontre que les deux personnages historiques ont réellement existé. Les anciens ont employé un langage codé pour consigner cette histoire. Ce mode de conservation secrète se manifeste par une formule qui requiert une compréhension approfondie pour être déchiffrée, car elle est inscrite dans un dicton kiluba :
« Une chefferie orientale dans le territoire de Manono porte le nom de Bakongolo (elle couvre les cités Kantébá et Lu : bá à Manono). Les gens de Nkongolo se sont installés dans le territoire de Malemba Nkulu (Badya), de Manono (Bakongolo)…, les Bakongolo sont les guerriers ayant lutté avec Nkongolo et contre Kalala Ilunga. Il écrit, en effet : « L’un de ces facteurs est énoncé sous forme de dicton populaire ci-après : « MUYUMBA Kyamwene ne Kiluba kyabula kyaabwile ». Ce dicton exprime d’une manière laconique les vestiges d’un passé qui remonte à une époque sortie de la mémoire à cause de son ancienneté. Sa traduction peut être résumée de la manière suivante : « Múyúmba, le premier le vit venir. Tandis-que Kiluba l’aida à traverser le fleuve ».
Comme mentionné précédemment, Kalala Ilunga Lwaala Mbidi, en fuite devant l’armée de Nkongolo Mwamba, se retrouva confronté à un obstacle majeur : le fleuve Lwalaba. Il cherchait désespérément un moyen de le traverser afin d’échapper à ses poursuivants déterminés à le tuer. Deux passeurs étaient présents sur les rives de ce fleuve. Le premier, Múyúmba, aperçut Kalala Ilunga en détresse mais refusa de lui venir en aide, déclinant de le transporter de l’autre côté du fleuve. En revanche, le second passeur, Kiluba, remarqua également Kalala Ilunga et se hâta de le prendre à bord de sa pirogue pour le mener vers l’autre rive de Lwalaba. Les poursuivants de Kalala Ilunga étaient des Bakongolo. Lorsqu’ils arrivèrent aux abords du fleuve, personne ne consentit à les faire traverser. Les deux piroguiers avaient en effet pris soin de dissimuler leurs embarcations. Bien que le redoutable Nkongolo fût déterminé à éliminer son neveu Kalala Ilunga, il força ses partisans à traverser le fleuve par tous les moyens nécessaires. On raconte que :
« Certains poursuivants de Kalala Ilunga étaient emportés sur leur radeau par ce courant du fleuve et échouèrent sur une terre où ils formèrent un village qu’ils baptisèrent Nkongolo. C’est l’actuel Kongolo, où ils résident des Baluba, des Bahémba et des Basonge » (Mutonkole, 2007 : 113).
Ce dicton, consigné dans un langage secret et symbolique, capture la scène qui se déroula au bord du fleuve Lwalaba. En effet, Ilunga Lwaala, également connu sous le nom de Kalala Ilunga, jouissait d’un grand prestige parmi les Baluba en raison de sa bravoure dans les combats, de l’acuité de son intelligence, de sa clairvoyance, de sa sociabilité et de sa sagesse (Makonga, 1948 : 309-310). Cette renommée suscita la jalousie de Nkumwimba Nkongolo Mwamba, qui trama de le faire assassiner. Toutefois, Ilunga Lwaala (Kalala Ilunga) échappa à la mort et décida de se rendre chez son père pour solliciter de l’aide (Womersley, 1984 : 10-16).
À son arrivée sur la rive gauche du fleuve Lwalaba, il fut aperçu par Múyúmba Mpanda Kuboko, de son vrai nom (Mulundwe, 2001 : 67). Múyúmba ne vint pas en aide à Ilunga Lwaala pour traverser le fleuve ; quelques minutes plus tard, Kiluba Kanyamba lui permettrait de franchir le Lwalaba. Ilunga Lwaala demanda alors aux deux passeurs de veiller à ce qu’un homme à la peau claire et sa troupe ne puissent pas traverser. Lorsque Nkumwimba Nkongolo Mwamba et ses guerriers arrivèrent sur la rive du Lwalaba, ils constatèrent qu’aucune pirogue n’était disponible. Ils tentèrent de construire un pont de fortune, mais échouèrent dans leur entreprise. Une partie de ses hommes fut emportée par le courant et échoua dans la région de Kongolo, où ils établirent la cité de Kongolo, encore existante aujourd’hui. Cela démontre la réalité historique des personnages mentionnés précédemment. Les descendants de ces hommes et femmes, qui faisaient partie du contingent de Nkongolo Mwamba, sont encore vivants et se reconnaissent aujourd’hui dans la ville de Kongolo et ses environs.
Il semble inconcevable que les anciens aient pu imaginer un tel dicton, reconnu à travers tout le Buluba et au-delà, si cet événement n’avait pas réellement eu lieu.
Nous avons entendu le récit de cet événement chez les Bakerewe et Bafipa de Tanzanie lors de notre séjour à Mwanza en 2013. Les Bafipa, qui se considèrent comme des Baluba, racontent cette histoire et affirment que leurs ancêtres se seraient dirigés vers le nord. Bien que la langue de ces Baluba tanzaniens se soit éloignée du kiluba, ils se souviennent encore de leur migration. Il paraît improbable que les anciens Bafipa aient imaginé cette histoire si leurs ancêtres n’avaient pas assisté à cette scène. Nous avons recueilli ce récit dans le village de Kamasi, situé dans le territoire de Nasio, province de Mwanza[1].
Il existe de nombreuses épreuves orales, matérielles, onomastiques et historiques attestant de l’existence réelle des empereurs, qui ont parfois été catégorisés comme des mythes ou des légendes par certains auteurs. C’est précisément à ce niveau que nous nous éloignons de l’analyse structurale. Nous considérons qu’elle n’est pas la seule méthode pour comprendre la naissance de l’État Kiluba. Nous proposons également d’examiner l’historiographie kiluba à travers une analyse dynamique, une approche suggérée par Ela pour restituer l’histoire aux sociétés africaines. Du point de vue des autochtones, il est clairement établi que les empereurs Nkumwimba Nkongolo Mwamba, Ilunga Lwaala (Kalala Ilunga), Ilunga Luhefu et d’autres ne sont pas des figures imaginaires ou mythiques, mais des personnages historiques qui ont réellement existé.
À la lumière des éléments précédents, nous employons deux méthodes pour estimer approximativement le siècle de la naissance de l’État Kiluba. Premièrement, nous examinons l’expansion démographique kiluba vers l’Afrique australe. Deuxièmement, nous analysons la tradition à partir des informations disponibles. Selon Mulundwe, les Bashona et les Bakalanga du Zimbabwe seraient d’origine Baluba. Lors de notre visite au Zimbabwe en 2012, nous avons rencontré le chef coutumier Mukalanga, qui affirmait être issu de la lignée Múlúba ainsi que de leur système politique. Si cette affirmation est correcte, nous devons nous interroger sur la période à laquelle le peuple Mukalanga est arrivé dans le Zimbabwe actuel. Nous posons cette question car il est établi que les Bantous ayant quitté la Dépression de l’Upemba, qui constitue le second foyer d’expansion bantoue (Obenga, 1985), se dirigeant vers le sud du continent africain, notamment en Zambie, Malawi, Mozambique et Zimbabwe, ont adopté le système politique kiluba. Mulundwe souligne à ce sujet :
« Les Shona (Bakalanga : Vakaranga) du Zimbabwe, parents des Baluba, donc, comme eux, originaires de l’Ouest du lac Tanganyika, et des rives du lac Kisale, occupèrent la région allant du Zambèze au Limpopo et du Kalahari à l’Océan Indien. On leur doit les merveilleuses 350 ruines de Zimbabwe (Njibo ya Mabwe : Palais ou grande maison de pierre en kiluba). Le royaume Shona fut appelé Monomotapa (Mwene Mutapa : le dévastateur ou le conquérant du kiluba kutapa : tuer, dévaster) » (Mulundwe, 2001 : 37-38).
L’origine de l’État Kiluba remonte à une période antérieure au XVe siècle, ce qui indique que le système était déjà bien cristallisé à cette époque. Certains auteurs situent la naissance de la fédération générale kiluba aux XVe, XVIe et XVIIe siècles. Cependant, les vestiges archéologiques des Bakalanga révèlent que ce peuple était présent au Zimbabwe depuis le Xe siècle, comme en témoignent les ruines de leur temple, construit par les Baluba originaires du territoire actuel de Malemba Nkulu (Mulundwe, 2001 : 38). Si les Bakalanga étaient arrivés dans cette région dès le Xe siècle avec un système politique kiluba, cela permet par conséquent de postuler qu’il est plausible que la fédération Kiluba, à laquelle ils revendiquent une origine, existait déjà avant leur départ.
La tradition orale nous aide également à situer approximativement cette époque. En 2008, le Mulopwe Ilunga Kanonge Stanislas, roi du royaume de Kalundwe, se déclara comme le 43ème Mulopwe successeur de Nkongolo Mwana (Nkongolo Mwamba). Cette affirmation est corroborée par certains écrits (Lukanda, 2008 : 1). De plus, la tradition indique qu’il y aurait eu 32 empereurs dans le cadre du pouvoir central ou de l’État Kiluba. Certains auteurs estiment que la durée minimale du règne de chaque Mulopwe était de 20 ans, tandis que d’autres avancent une période de 30 ans. Ainsi, la durée du règne n’était pas uniforme et variait selon chaque Mulopwe. Toutefois, les anciens citent la durée de 35 ans comme le temps minimum pour chaque empereur Mulopwe[2]. Par conséquent, nous concluons à notre niveau que la fédération générale Kiluba naquit très vraisemblablement vers le VIIIe siècle (Mulundwe, 2001 : 62) :
Table 2. Les données orales des Balopwe récoltées à Kabongo, aux mois d’Avril et de mai 2022
Balopwe : 1 – 30 | Balopwe de 30 – 40 | Balopwe de 40 – 70 |
Kitamba Ka Kaseya | Kalulwa Kasongo | Kalenga Masanza Mamba |
Ilunga Lwaala | Ilunga Kabale I | Nkumwimba Nkongolo Mwamba |
Kalonda Ka Kisula | Kasongo Nkumwimba | Ilunga wa Luhefu |
Kasongo Kabamba | Ngoyi Ilunga | Ilunga Mwila |
Nongo Kalowa | Kapya wa Kilonda | Kasongo Mwine Kibanza |
Nkumwimba Kaumbu | Ndayi Mwine Nkombe | Kasongo Mwine Kabundulu |
Nkumwimba Miketo | Nkumwimba Mputu | |
Ndayi Mujinga | Ilunga Kabamba | |
Maloba Konkola | Ngoyi a Sanza | |
Kasongo Kalombo | Kasongo Bonswe | |
Nkumwimba Kadilo Sokela Bota | ||
Kasongo Kenkenya | ||
Ilunga Nsungu | ||
Nkumwimba Ngombe | ||
Ilunga Kabale II | ||
Ce tableau présente la séquence de l’estimation de temps de règne des Balopwe selon les données orales, telles qu’elles sont livrées dans le territoire de Kabongo :
- Colonne 1 est celui des Balopwe qui ont régné une longue période. Nous le savons car ces Balopwe ont vu grandir leurs arrière-grand-petits-fils c’est-à-dire sont ceux qui ont vécu pendant plus de trois générations.
- Colonne 2 est celui des Balopwe dont les chroniqueurs rapportent qu’ils ont vécu que deux générations, et dont les périodes de règne s’approchent à certaines estimations faites par des auteurs et enfin,
- Colonne 3 présente des Balopwe qui n’ont vécu qu’une seule génération.
Étant donné que les ancêtres évoluaient en dehors du cadre du calendrier romain, il leur était impossible de situer la durée de règne des Balopwe sur la ligne chronologique établie par ce calendrier. Néanmoins, il est possible d’estimer approximativement la période de règne de chaque Múlopwé en s’appuyant sur la tradition orale, qui demeure encore aujourd’hui préservée par des chroniqueurs traditionnels dans les cours des Balopwe contemporains. Cette tradition peut être mise en corrélation avec les écrits des historiens de la période coloniale initiale, concernant l’ensemble de la sous-région de l’Afrique centrale et australe. En effet, un événement survenu ailleurs peut permettre de déterminer la période de règne d’un Mulopwe Múlúba, comme le confirment certains documents historiques.
Un voyageur portugais du nom de Gamitto, qui se rendit auprès de Kazembe, roi des Lunda, rapporta avoir rencontré Nkumwimba Ngombe, Mulopwe des Baluba, lors de sa visite à Kazembe de janvier à février 1832 (Reefe, 1981 : 59).
Le Portugais confondit alors Ilunga Kabale II avec Nkumwimba Ngombe, ce qui signifie qu’il avait en réalité rencontré Ilunga Kabale II. Il convient de noter qu’Alexander Delcommune fit une confusion similaire en 1891, lorsqu’il rencontra Mulopwe Kasongo wa Nyembo, qu’il identifia à tort comme Mulopwe Kasongo Kalombo (Womersley, 1984 : 45). Ces erreurs nous indiquent qu’Ilunga Kabale II était effectivement vivant à cette époque. Concernant la date de sa mort, Womersley a précédemment indiqué qu’il n’avait pas connu son dernier fils, Kabongo Ka Nshimbu. Le même auteur précise que Kabongo est décédé le 25 janvier 1948 à l’âge de 90 ans (Womersley, 1984 : 83), ce qui nous conduit à considérer 1858 comme l’année de décès d’Ilunga Kabale II. Reefe, quant à lui, avance que le Mulopwe serait décédé en 1870 (Reefe, 1981 : 58). Nous ne souscrivons pas à cette hypothèse et maintenons que la date correcte est 1858.
À quoi cette année est importante ? Elle est importante parce qu’il est rapporté qu’avant sa mort, Múlopwé Ilunga Kabale II avait appelé sa femme Nshimbu pour lui dire : « Aucun de mes fils adultes ne conservera longtemps le Bulopwe. Le souverain réel et durable sera cet enfant, que je n’ai pas vu face à face » (Womersley, 1984 : 36).
Les anciens interrogés sur cette question affirment unanimement que Múlopwé Ilunga Kabale II avait effectivement prononcé cette expression et ajoutent qu’il aurait rendu l’âme dans les bras de sa jeune épouse, Nshimbu. Par ailleurs, le fils de l’historien traditionnel Lunga Mande, connu sous le nom d’Inabanza Kataba à la cour royale de Kabongo, soutient que son père serait né vers 1860, une date également confirmée par Reefe Q. Thomas (Reefe, 1981 : 23). Selon l’histoire familiale, Lunga Mande serait né deux ans après la mort de Mulopwe Ilunga Kabale II. Ainsi, il semble que Mulopwe Ilunga Kabale II ne soit pas décédé vers 1868-70 comme l’avance Reefe, mais plutôt vers 1858. Cette réflexion et cette interprétation nous ont permis de situer approximativement les époques des Balopwe dans la ligne du temps, conformément à la liste des Balopwe établie par la tradition. Banza Mwepu Mulundwe avance quant à lui :
« Sur la région centrale de la zone de savane au Sud de la forêt équatoriale, de part et d’autre des Océans Atlantique et Indien, à égale distance, les Baluba ont créé un vaste empire qui a dominé, du 8ème au 20ème siècle, une vaste étendue de terres allant du lac Tanganyika à l’Océan Atlantique. Tel est le témoignage de leur propre tradition orale[3] ».
Nous avons objectivement analysé les hypothèses de ces différents auteurs et chercheurs qui postulent que l’État Kiluba (Empire des Baluba) serait né vers le 12ème, 13ème, 14ème, 15ème siècle ou encore le 17ème siècle. Nous y avons relevé certains lacunes et inconsidération de certaines données historiques et orales qui les auraient permis de bien penser l’historique politique des Baluba. C’est la compilation et la considération des plusieurs données orales et historiques qui nous auraient autorisé de penser que l’État Kiluba serait né vers le 8ème siècle. Partant de cette hypothèse et se fondant à la fois sur les données orales, quelques données scientifiques, Lukanda Lwa Malale, Mulundwe et moi-même avons restitué la liste définitive des Balopwe après avoir étudié et analysé les premières listes des auteurs du siècle dernier et nous avons conclu que l’empire a été fondé vers l’an 700. Nous avons publié un ouvrage entier dédié à cette thématique, nous n’avons donc pas voulu reprendre le travail qui a été déjà effectué et nous demandons à celles et ceux qui sont intéressés (es) d’approfondir et saisir les arguments de cette période de se procurer nos ouvrages :
Nom du souverain | Année | Capitale Politique |
Kalenga Masanza Mamba | 700 – 744 | Buleya |
Nkumwimba Nkongolo Mwamba | 755 – 807 | Mwibele Ntanda |
Ilunga Lwaala Misaha (Kalala Ilunga) | 807 – 833 | Munza |
Ilunga wa Luhefu | 833 – 874 | Kalongo |
Ilunga Mwila | 874 – 901 | Kamukenge |
Kalonda A Kisula | 915 – 932 | Mbaya |
Kasongo Mwine Kibanza | 945 – 987 | Kibanza |
Kalulwa Kasongo | 988 – 1010 | Kabange |
Kasongo Mwine Kabundulu | 1023 – 1075 | Kabundulu |
Ilunga Kabale I | 1085 – 1111 | Kisula |
Kasongo Kabamba | 1105 – 1138 | Kalungu |
Kasongo Nkumwimba | 1155 – 1180 | Kisulo |
Nkumwimba Mputu | 1183 – 1228 | Kakolwe |
Ilunga Mwine Ngoyi | 1230 – 1260 | Ngoyi |
Kapya wa Kalonda | 1267 – 1305 | Bulanda |
Ilunga Kabamba | 1310 – 1345 | Kalulu |
Nongo wa Kalowa | 1375 – 1400 | Kako |
Ngoyi a Sanza | 1400 – 1444 | Kikumbi |
Kasongo Bonswe | 1444 – 1499 | Kabanda |
Ndayi Mwine Nkombe | 1507 – 1530 | Nkombe |
Nkumwimba Kadilo Sokela Bota | 1530 – 1574 | Katunda |
Kasongo Kenkenya | 1574 – 1607 | Katala |
Nkumwimba Kaumbu | 1627 – 1633 | Kakenda |
Nkumwimba Miketo | 1645 – 1655 | Bwila |
Ilunga Nsungu | 1655 – 1720 | Katende |
Nkumwimba Ngombe | 1728 – 1778 | Budyende |
Ndayi Mujinga | 1785 – 1800 | Kashie |
Ilunga Kabale II | 1805 – 1858 | Kimungu |
Kitamba wa Kaseya | 1858 – 1859 | Kitale |
Maloba Konkolo | 1859 – 1860 | Ngozo |
Kasongo Kalombo | 1860 – 1880 | Kilemba |
Ndayi Mande | 1880 – 1888 | Kampumo |
Source : Centre de Recherches et Diffusions de la Culture Kiluba – Kinshasa, 2023. Chercheurs : Lukanda Lwa Malale, Kabwende Kyéngé Kisoke et Ngoyi Sunga Jospin |
Ce tableau s’inscrit dans la démarche scientifique proposée par le professeur Banza Mwepu Mulundwe. Nous avons décidé d’adopter sa périodisation des règnes des souverains. Les années indiquées restent pour l’instant une hypothèse approximative et doivent être considérées comme informatives. Cela ne signifie pas qu’elles soient incorrectes, mais plutôt qu’elles sont en accord avec la vérité historique kiluba.
À la mort de Múlopwé Ndayi a Mande vers 1888, le Bulopwe se divisa en deux entités distinctes : le Royaume du Nord, désormais connu sous le nom de Royaume de Kabongo, et le Royaume du Sud, appelé Royaume de Kasongo Nyembo. Il convient cependant de rappeler que la désintégration du Bulopwe avait commencé dès 1870, avec l’indépendance de plusieurs provinces telles que Kanyoka, Kinkondja, Samba, Mutombo Mukulu et Kayembe. Ces grandes provinces s’émancipèrent du pouvoir central, se constituant en royaumes indépendants que les Belges consolidèrent lors du démembrement du Bulopwe en cinq grandes chefferies et 25 petites chefferies indépendantes (Kabuya, 1992 : 45). Aujourd’hui, le Bulopwe est représenté par deux grands royaumes : le Royaume du Nord, désigné comme celui de Kabongo, et le Royaume du Sud, connu sous le nom de Kasongo Nyembo.
Les Baluba, un groupe ethnique important en Afrique centrale, se distinguent par leur histoire ancienne et complexe, marquée par une organisation sociopolitique élaborée et des contributions culturelles significatives. Originaires de la région du Buluba, dans l’actuelle une région située sur l’intersection de l’Afrique centrale, orientale et australe dont le foyer originel se localise au Sud-est de la République Démocratique du Congo, ils se sont développés de manière autochtone, constituant une présence continue dans cette zone depuis des siècles. Leur histoire et leur expansion géographique sont marquées par des échanges culturels et commerciaux qui ont renforcé leur influence dans la région.
Contrairement aux théories postulant une migration depuis le nord ou le nord-est, les Baluba sont autochtones à la région du bassin du fleuve Congo. Cette continuité historique souligne leur enracinement profond en Afrique centrale, remontant à des millénaires avant l’époque coloniale. Leur présence dans une zone géographiquement stratégique, propice aux échanges commerciaux, a permis à la civilisation baluba de prospérer, intégrant diverses influences tout en conservant une forte identité culturelle.
Les découvertes archéologiques montrent que la civilisation kiluba remonte au-delà du Ve siècle, bien avant la période coloniale, contredisant certaines hypothèses qui situent leur émergence plus tardivement, au XIVe ou XVIIIe siècle. Les traces de céramique, d’outils en métal et les structures sociopolitiques découvertes attestent d’une société hautement organisée et avancée, avec une gestion sophistiquée des ressources et des relations sociales. Cette complexité a permis aux Baluba de se distinguer parmi les autres civilisations africaines de l’époque.
Au cœur de l’organisation politique des Baluba se trouve le Bulopwe, un système monarchique sacré où le Mulopwe (roi) joue un rôle central, à la fois en tant que chef politique et guide spirituel. Le roi, perçu comme le garant de l’ordre social et cosmique, représente les dieux sur terre, conférant ainsi au pouvoir une dimension sacrée. Ce modèle de leadership, où le politique et le spirituel se rejoignent, est renforcé par le Butobo, une institution sacerdotale qui veille à la légitimité religieuse du pouvoir du roi. Cette interaction entre le spirituel et le politique est une caractéristique clé de la civilisation kiluba.
Le Mulopwe n’est pas seulement un chef politique, mais aussi un médiateur entre les mondes des hommes et des esprits. Il est responsable de maintenir l’équilibre entre ces sphères, garantissant ainsi la prospérité de son peuple. Cette fonction duale est comparable à celle des souverains dans d’autres civilisations africaines, où la sacralité du pouvoir était essentielle à la stabilité de la société. L’autorité du Mulopwe, validée par les élites religieuses, renforce l’ordre social en unissant le temporel et le spirituel.
Les Baluba se distinguent également par leur riche héritage culturel, notamment à travers leurs arts et traditions orales. Leur maîtrise de la sculpture, en particulier les statues et masques rituels, joue un rôle central dans les cérémonies religieuses et les commémorations. Ces œuvres d’art, souvent utilisées pour invoquer les ancêtres ou célébrer des événements historiques, témoignent de la profonde connexion des Baluba avec leur passé spirituel. De plus, la tradition orale constitue un pilier de la transmission de leur histoire et de leurs valeurs, assurant la continuité de leur culture à travers les générations. Les récits, contes et proverbes baluba offrent une vaste source de sagesse et d’enseignement moral.
Les Baluba se démarquent ainsi par une civilisation ancienne et sophistiquée, avec des structures sociopolitiques uniques où le pouvoir politique et spirituel s’entrelace. Leur histoire, souvent ignorée ou sous-estimée par les récits occidentaux, mérite une reconnaissance plus grande en raison de ses contributions significatives à l’histoire africaine et mondiale.
Les découvertes en archéologie continuent d’éclairer cette civilisation, mettant en évidence non seulement son passé glorieux, mais aussi son influence persistante sur les dynamiques sociales et politiques contemporaines en Afrique centrale. Ces éléments soulignent la nécessité d’une réévaluation des Baluba dans le cadre des études historiques, pour une meilleure compréhension de leurs apports culturels et politiques durables.
[1] Il est important de préciser que notre expérience n’était pas celle d’un chercheur. C’est lors de notre séjour que l’ancien Msomi Mwilambwe nous raconta cette histoire, lors que nous lui avons demandé l’origine de la parenté linguistique et coutume entre les Baluba et les Wakerewe. Il commença par avancer que les Wakerewe étaient à l’origine des Baluba partis de la région de la province actuelle du Tanganyika.
[2] Katende Mbayo (H†). Âge approximatif 85 ans. Cuisinier du personnel du souverain Boniface Kabongo Kalowa Dibwe. Information recueillie à Kako, le 10 janvier 2021.
[3] Mulundwe, Récit historique des Baluba, 2019, p. 110-111, inédit.
One Reply to “Thèses des auteurs sur la naissance de l’État Kiluba”
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