Bibliographie Générale

La plupart des essais traitant de l’histoire africaine en général, et spécifiquement de celle des Baluba, comportent au moins une bibliographie, même si elle est sommaire. Nous avons fait tout notre possible pour recenser les ouvrages publiés sur les Baluba. 

Ces travaux sont principalement rédigés en français, mais la majorité des études académiques sont disponibles en anglais. Il est à noter cependant qu’il n’existe pas d’essai historique rédigé en kiluba, la langue originale de l’histoire des Baluba. La maîtrise de la langue kiluba s’avère également nécessaire pour la compréhension et interprétation de la littérature orale car l’histoire kiluba a été transmise avec des codes ou assertions proverbiales. Ainsi, une bonne maîtrise de l’anglais est indispensable pour tout chercheur ou étudiant souhaitant approfondir sa connaissance du passé des Baluba.

Certains essais, comme ceux de Thomas Q. Reefe, Mary Nooter Roberts et David Maxwell, sont essentiels pour une compréhension approfondie de l’histoire des Baluba.

Nous avons donc mobilisé un ensemble d’ouvrages universitaires et littéraires. En premier lieu, nous avons exploité les deux volumes de PIERRE COLLE, intitulés Les Baluba. Cet ouvrage, rédigé en 1913, nous fournit des renseignements d’une grande valeur sur la sociologie familiale, les droits des femmes Múlúba, l’organisation politique ainsi que l’histoire de l’expansion kiluba. Il constitue le premier essai ethnologique consacré à la société kiluba. Ces informations sont par la suite corroborées par les articles et écrits du missionnaire WILLIAM BURTON, dont le recueil fut publié en 1961 par le musée de Tervuren sous le titre Luba Religion and Magic, in Custom and Belief. Ce recueil offre une découverte des coutumes, traditions religieuses et croyances kiluba. 

Bien que Burton ne fût pas un sympathisant de la civilisation kiluba, il nous a néanmoins légué un ouvrage permettant de saisir la pensée spirituelle des Baluba. Toutefois, ce sujet sera principalement abordé dans un ouvrage de PLACIDE TEMPEL intitulé La Philosophie Bantoue. Cet auteur s’attache à étudier la philosophie des Baluba, en s’efforçant de démontrer la rationalité des croyances baluba. Il aurait cependant été préférable qu’il intitulât son ouvrage La Philosophie des Baluba, puisqu’il a concentré ses recherches exclusivement sur les Baluba et dans le Buluba.

Pour ce qui est de l’histoire politique des Baluba, nous avons consulté l’ouvrage d’EDMOND VERHULPEN, Les Baluba et Balubaïsés du Katanga. Cet essai novateur examine l’organisation politico-administrative, bien qu’il présente certaines lacunes, notamment l’absence de références, et qu’il soit soupçonné d’avoir utilisé des informations qui ne lui appartenaient pas. 

Par conséquent, ses informations doivent être maniées avec prudence. Néanmoins, Verhulpen a recueilli des données très intéressantes, non seulement sur l’organisation ethnique, mais également sur la structure socio-politique et l’expansion territoriale de la langue et de la civilisation des Baluba au Katanga et en Afrique australe, qu’il n’a malheureusement pas pu pleinement exploiter. Cela nous permet toutefois de reconstituer l’histoire politique des Baluba.

Legends and History of the Luba de HAROLD WOMERSLEY est un essai biographique consacré aux Balopwe (souverains sacrés). L’auteur de cet essai nous offre, à partir des traditions recueillies pendant plus de quarante ans dans le Buluba, un document essentiel pour la compréhension générale de ce qu’était la succession royale durant l’empire. 

Nous avons ensuite consulté Samba-a-Kya-Buta de MAKONGA BONAVENTURE, publié en 1948. Ce livre révèle des récits d’une grande fidélité et certitude quant à l’existence des trois héros : Nkumwimba Nkongolo Mwamba, Ilunga Kakenda Mbidi Kiluwe, et Ilunga Lwaala Misaha Kalala, qui ont joué un rôle crucial dans l’unification politique de tous les Baluba au sein d’un unique empire. Cet ouvrage est suivi par un autre essai : Traditions et coutumes ancestrales des Baluba Shankadji d’ILUNGA SENDWE JASON, publié en 1957. Dans cet essai, on découvre le processus d’unification politique des Baluba sous une direction politique unique.

En contradiction avec les interprétations antérieures souvent qualifiées de mythologiques, LUC DE HEUSCH a publié en 1972 son essai Le roi ivre ou l’origine de l’État, où il propose une analyse structurale de l’histoire kiluba, jetant le doute sur l’historicité des héros Baluba. Les études sur l’histoire des Baluba sont fréquemment influencées par cette approche structurale de la mythologie. Cependant, comme nous le verrons, la réalité diffère, car il existe des preuves tangibles de l’existence historique de ces héros, malgré leur caractérisation par Luc de Heusch comme étant des mythes.

Étant principalement transmise par voie orale, l’histoire des Baluba soulève des interrogations quant à la véracité des récits oraux. Ainsi, il est nécessaire de faire appel à d’autres disciplines connexes de l’histoire, telles que l’archéologie. À ce titre, nous évoquons la thèse de PIERRE DE MARET : Fouilles archéologiques dans la vallée du Haut-Lualaba, Zaïre : II Sanga et Katongo, 1974, publiée en 1985. 

Cette étude permet de remonter l’histoire kiluba jusqu’au VI^e siècle, démontrant la continuité de la civilisation et système politique kiluba du VI^e au XX^e siècle sur une période d’une séquence historique d’environ 1500 ans, sans interruption. Aucune recherche n’a remis en question ces conclusions, consolidant ainsi leur crédibilité.

THOMAS Q. REEFE est le pionnier à avoir rédigé une thèse universitaire sur l’histoire politique et sociale des Baluba. Son ouvrage, publié en 1981 sous le titre The Rainbow and the Kings : A History of the Luba Empire to 1981, s’inscrit dans l’approche analytique initiée par Luc de Heusch. Reefe est loué pour son approche méthodologique rigoureuse et académique. Il apporte des éclairages substantiels sur l’histoire de l’expansion politique des Baluba et les facteurs ayant contribué au déclin de leur empire, bien que certaines parties de son argumentation puissent être contestées. Par exemple, Reefe souligne que les Baluba n’ont jamais subi les ravages de la traite négrière.

En 1992, le professeur KABUYA LUMUNA SANDO publie son essai intitulé Nord Katanga 1960-1964, de la sécession à la guerre civile : Le meurtre des chefs. Cet ouvrage éclaire l’histoire contemporaine des Baluba, couvrant la période de 1960 à la guerre civile. Il se distingue par sa profondeur en montrant comment les Baluba ont été divisés et manipulés, menant à l’assassinat de leurs élites émergentes, dans le cadre de la lutte pour l’unité congolaise et l’indépendance du Katanga. À la fin du conflit entre le gouvernement central et le gouvernement sécessionniste du Katanga, les Baluba ont émergé comme les principaux perdants de cette guerre. Cet essai constitue un avertissement pour les Baluba contemporains, les invitant à réfléchir stratégiquement sur les positions à adopter dans l’intérêt général des Baluba et du Buluba.

En 1993, PIERRE PETIT présente sa thèse intitulée Rites familiaux, rites royaux. Étude du système cérémoniel des Luba du Shaba (Zaïre). Cette étude approfondie explore l’organisation sociale, familiale et politique des Baluba, en mettant particulièrement l’accent sur les rituels royaux. Elle revêt une importance capitale en permettant la découverte des traditions civilisationnelles des Baluba, actuellement en voie d’extinction.

Trois années plus tard, MARY NOOTER ROBERTS présente sa thèse intitulée Memory: Luba Art and the Making of History. Soutenue en 1996, cette œuvre remarquable combine de façon exhaustive des données archéologiques, orales, historiques et ethnologiques afin d’illustrer la longévité de la civilisation kiluba. Elle démontre sur une période de plus de 1500 ans que les Baluba n’ont pas été soumis à la domination d’un peuple étranger et n’ont pas subi de bouleversements politiques majeurs, ce qui explique la stabilité de leurs institutions socio-politiques, artistiques, philosophiques, économiques et spirituels.

En 2001, BANZA MWEPU MULUNDWE publie son essai Le Mythe de l’Origine des Baluba. Dans cet ouvrage, il éclaire l’essence du terme Múlúba, révélant que les interprétations antérieures ne correspondaient pas à la réalité culturelle des Baluba. Son livre explore également l’expansion politique et sociale kiluba ainsi que leur dynamique expansionniste en Afrique australe, où ils ont établi de puissants royaumes tels que le Royaume du Grand Zimbabwe et Monomotapa.

En 2007, MUTONKOLE LUNDA WA NGOYI nous lègue son travail Les Noms de Personnes chez les Baluba. Cet essai analyse les significations des noms baluba et met en lumière leur profondeur spirituelle et morale. Considéré comme essentiel pour ceux désireux de comprendre le sens culturel des noms baluba, cet ouvrage a grandement enrichi notre compréhension socioculturelle des appellations kiluba.

En 2012, l’éminent THARCISSE ILUNGA a rédigé son ouvrage intitulé La révélation de Dieu chez les Baluba : Vidye, Butobo et Bulopwe, un livre jusqu’à présent inédit mais d’une importance capitale pour comprendre le sens de la divinité et l’émergence de la révélation divine chez les Baluba avant l’introduction du christianisme dans le Buluba. L’auteur met en lumière les parallèles entre la tradition hébraïque et kiluba concernant la création de l’humanité, tout en soulignant que les Baluba, n’ayant aucun lien historique avec les Juifs depuis les temps anciens, cette convergence témoigne clairement de la révélation divine chez les Baluba.

Quant à LUKANDA LWA MALALE, il a initialement publié en 2016 un ouvrage intitulé Les Baluba : histoire, cosmologie et sémiologie d’un peuple Bantu. Cet essai se distingue comme l’œuvre magistrale sur l’histoire des Baluba, offrant la version authentique et autochtone de leur passé. Ce livre présente comment les Baluba eux-mêmes racontent leur histoire ancienne.

Son deuxième livre, Les Baluba une histoire revisitée, paru en 2018, comme l’indique son titre, revisite et corrige diverses versions de l’histoire des Baluba, apportant ainsi une cohérence renouvelée. Cet ouvrage a été une source majeure d’inspiration pour nous.

Enfin, le Religious Entanglements: Central African Pentecostalism, the Creation of Cultural Knowledge, and the Making of the Luba Katanga de DAVID MAXWELL, paru en 2022, nous explorons l’introduction du christianisme pentecôtiste parmi les Baluba et le rôle crucial joué par les missionnaires anglais et américains à l’instar de William Burton, Harold Womersley… Ce livre revêt une importance capitale car il offre les clés nécessaires pour comprendre comment les missionnaires se sont engagés à collecter et à consigner par écrit les traditions orales des Baluba. Ces traditions, sans cette intervention, auraient été exposées à la disparition, tout comme de nombreuses autres.

Les sources citées ont été consultées pour la rédaction de notre essai. Les écrits des missionnaires et des administrateurs coloniaux tels que Pierre Colle, William Burton, Gaston Heenen et Edmond Verhulpen, entre autres, représentent les premières sources documentées sur l’histoire politique des Baluba.