Muleka Ditoka wa Kalenga, ingénieur et inventeur de renom, incarne une figure emblématique de l’innovation technologique dans la culture kiluba. À travers ses créations visionnaires, il a marqué de manière significative le domaine de la technologie et des sciences appliquées. Ses inventions brevetées témoignent d’un esprit novateur et d’une capacité exceptionnelle à anticiper les besoins du monde moderne. Mais d’où lui vient cette intelligence d’invention ? N’est-ce pas de ses ancêtres Baluba ?
Parlant de nos ancêtres, depuis le cinquième siècle avant notre ère, les Baluba se sont distingués par leur apport technique, inscrivant ainsi leur empreinte dans l’histoire africaine. François Neyt souligne que les Baluba ont joué un rôle prépondérant dans la diffusion de techniques scientifiques, de méthodes constructives ainsi que de conceptions politiques et sociales. Par leur ingéniosité, ils se sont érigés en porteurs de lumière civilisationnelle pour de nombreuses sociétés d’Afrique centrale et australe.
Mutonkole Lunda wa Ngoyi a mis en exergue l’excellence de l’ingénierie kiluba en astrologie, en étudiant les astres selon les approches des anciens Baluba. Parallèlement, Mulundwe Banza Mwepu a exploré les dynamiques des expansions multidirectionnelles et multidimensionnelles civilisationnelles propres à nos ancêtres Baluba. Celles – ci ont perduré plus de trois millénaires d’années sans discontinuité selon Lukanda Lwa Malale.
Le professeur Muleka Ditoka wa Kalenga a contribué quant à lui, à la préservation et à la valorisation de l’ingénierie kiluba. Dans sa thèse intitulée KISSOLO : Modèle africain de machine pour le traitement des données, dirigée par le mathématicien brésilien Osvaldo Sangiorgi et soutenue en 1989, il a démontré que le Kissolo, une invention ancestrale des Baluba, constituait et constitue encore en réalité l’une des premières formes de programmation informatique. Avant même que le monde occidental ne développe des concepts similaires, les Baluba maîtrisaient déjà des principes comparables à ceux des systèmes informatiques, comme l’a démontré Muleka Ditoka wa Kalenga dans ses travaux. Cette avancée est corroborée par nos propres recherches, au cours desquelles nous avons mis en évidence et publié des travaux sur l’alphabet kiluba, le Lukasa. Cet alphabet, utilisé par les initiés de la confrérie Mbudye, servait à la transmission de messages écrits.
L’ingénierie kiluba n’a pas disparu avec les anciens Baluba ; elle continue de s’exprimer à travers les réalisations contemporaines. Aujourd’hui, le professeur Muleka Ditoka wa Kalenga, détenteur de trois brevets scientifiques, illustre brillamment la pérennité de cette tradition d’innovation, incarnant l’héritage vivant de l’ingéniosité ancestrale kiluba. Cette continuité atteste que les anciens Baluba ont transmis leur savoir scientifique aux générations actuelles, dont nous sommes les dépositaires.
Originaire du village de Kabodja, situé dans la chefferie de Malemba, territoire de Malemba Nkulu, province du Haut – Lomami, Muleka Ditoka wa Kalenga a suivi un parcours universitaire exceptionnellement riche et diversifié, lui permettant d’acquérir une expertise scientifique approfondie. Il détient une licence en journalisme de l’École des Hautes Études Sociales de Paris (1967), une licence en relations internationales de l’Université Nationale de Kinshasa (1976), un master en publicité et propagande de l’Université de São Paulo (1984), un doctorat en sciences de l’Université de São Paulo (1989), ainsi qu’une spécialisation en gestion des institutions d’enseignement supérieur (IES) à la Faculté de Technologie et de Sciences de Jequié (2009). Outre cet impressionnant cursus académique, il a également suivi plusieurs formations complémentaires, parmi lesquelles :
- Programmation Arduino (2022, 80 heures) – Institut Universel Brésilien (IUB), Brésil
- Modélisation 3D Studio I et II (2013-2014, 160 heures) – Prépara Cours, Brésil
- AutoCAD I et II (2011-2014, 160 heures) – Prépara Cours, Brésil
- Qualiculture (2013 et 2012, 16 heures chacune) – Secrétariat de la Culture de Bahia, Brésil
- Programmation en Delphi I et II (2011-2012, 160 heures) – Prépara Cours Professionnalisants, Brésil
- Logique de programmation (2011-2012, 80 heures) – Prépara Cours Professionnalisants, Brésil.
Il a exercé les fonctions de professeur et de coordinateur des cours de Communication Sociale au sein de diverses institutions universitaires brésiliennes : la Faculté de Technologie et de Sciences (FTC) à Jequié (2004-2008), l’Université d’État du Sud-Ouest de Bahia (2005-2009) et la Faculté Santo Antônio d’Alagoinhas (2009-2011). En 2010, il a conçu et produit le programme radiophonique intitulé La Voix de l’Afrique, diffusé sur la station Catuense 93 FM à Alagoinhas, Bahia. Il a également occupé le poste de conseiller en coopération internationale à la Chambre de Commerce et d’Industrie Brésil/République Démocratique du Congo (CCIBRDC). En République Démocratique du Congo, il a exercé en qualité de professeur associé et de coordinateur du programme de Lettres à l’Université de Kamina (UNIKAM), tout en assumant parallèlement les fonctions de coordinateur du cours d’Informatique dans cette même institution.
Son expertise couvre les domaines de la science de la communication, de la théorie de l’information, de la cybernétique et de la théorie des jeux. Ses travaux de recherche et d’innovation se concentrent principalement sur les axes suivants : méthodologie scientifique, entreprise holistique, cybernétique appliquée à la pédagogie, systèmes de contrôle, théorie de l’information, communication et géomancie. Par ailleurs, il a créé et produit une émission télévisée de divertissement intitulée TQLO_KISS, diffusée sur la Télévision Nationale de la République Démocratique du Congo, dans la province du Haut-Lomami. Il est également l’auteur de plusieurs publications sur les réseaux sociaux, et durant la pandémie de COVID-19, il a publié cinq ouvrages scientifiques consacrés à la cybernétique et aux langages de programmation.
Sur le plan d’invention scientifique, Muleka Ditoka wa Kalenga est détenteur de trois brevets scientifiques majeurs. Il a découvert des algorithmes mathématiques appliqués aux jeux traditionnels africains, notamment le jeu de Búzios et le jeu Awale (ou Kissolo), connu comme le jeu national africain. Il est également l’inventeur de divers jeux éducatifs et stratégiques brevetés auprès de l’Institut National de la Propriété Industrielle (INPI), parmi lesquels figurent Tatuzinho Comilão (jeu d’alphabétisation) et Rames Game (jeu stratégique de calcul). Il possède des certifications spécialisées en langages de programmation (Access, logique de programmation, Visual Basic, Delphi, Java) ainsi qu’en conception assistée par ordinateur (AutoCAD et 3D Studio), obtenues à Prepara Cursos Profissionalizantes, Alagoinhas, Bahia. Enfin, il est titulaire d’un certificat en Qualiculture, une qualification axée sur l’économie créative, incluant l’élaboration et le financement de projets culturels.
Muleka Ditoka wa Kalenga est l’inventeur et le déposant de plusieurs brevets ayant marqué des avancées technologiques significatives. Le 6 février 1992, il a obtenu un brevet pour un simulateur de jeu vidéo et un système micro-digital, qui succède à son second brevet, déposé le 25 septembre 1989, concernant un jeu programmable fonctionnant comme une calculatrice 16 bits. Sa première invention, un calendrier cybernétique, avait quant à elle été brevetée le 7 janvier 1988.
Ces inventions ont exercé une influence profonde et durable sur de nombreux domaines. La troisième invention, en particulier, a introduit des innovations majeures, notamment en offrant une première expérience réaliste dans le domaine des jeux immersifs. Ce système a également ouvert la voie à des avancées significatives dans le développement de simulateurs destinés à l’enseignement, à la formation professionnelle et à l’entraînement virtuel. Dans un contexte où les activités humaines deviennent de plus en plus virtuelles, cette invention se révèle d’une importance capitale en tant que précurseur de la réalité virtuelle appliquée à divers domaines.
La deuxième invention, un jeu programmable fonctionnant comme une calculatrice 16 bits, revêt également une importance mondiale, notamment pour les pays du Sud global, où les déficits éducatifs restent un défi majeur. Cette invention combine les fonctions d’une plateforme éducative et d’un outil ludique, facilitant un apprentissage plus interactif et stimulant. Les approches psychologiques contemporaines recommandent en effet l’intégration du jeu dans les processus éducatifs, reconnaissant la plasticité du cerveau humain et l’importance de maintenir un équilibre entre apprentissage et divertissement. Par conséquent, cette invention de Muleka Ditoka wa Kalenga contribue à répondre aux besoins éducatifs de populations défavorisées, en offrant une solution technologique accessible et adaptable à ces contextes.
Enfin, la première invention, le calendrier cybernétique, anticipe les besoins du 21ᵉ siècle en matière de gestion du temps. Une fois numérisé, cet outil permet une organisation efficace des tâches professionnelles et personnelles grâce à l’automatisation et à l’interaction des échéances et des rendez-vous. Il constitue un apport majeur à la productivité et à la gestion individuelle et collective du temps.
Les trois inventions de Muleka Ditoka wa Kalenga ont trouvé des applications mondiales et contribuent à transformer le quotidien des utilisateurs. Ces innovations témoignent du génie inventif du peuple Múlúba et de la mission civilisationnelle et technologique de cette nation, qui, selon l’héritage de la Promesse Divine (Mwana wa Mulao), a pour vocation d’éclairer le monde à travers des avancées qu’aucun autre n’aurait pu imaginer.
Kabwende Kyéngé Kisoke,
Historien et ethnologue
Centre de Recherche et d’Étude de la Civilisation Kiluba (CRECK)
Bruxelles, 15 janvier 2025.
2 Replies to “INGÉNIE KILUBA : MULEKA DITOKA WA KALENGA”
Ilunga Beni Sabbin, janvier 16, 2025
I m very glad to know that in buluba national we have the great men
Congratulations i m very happy
Makonga Philippe, janvier 16, 2025
J’ai connu le Professeur Muleka Ditoka à l’Université de kamina où il animait certains cours à la nouvelle faculté de l’informatique.
J’ai participé à sa conférence débat, où il a eu à démontrer que l’ordinateur tirait ses origines dans la culture négro-africaine précisément les baluba dans l’un des jeux communément appelé kisolo.
Je reconnais son activisme dans les recherches socioculturelles des baluba.