Objectifs du Site Web (Nation Kiluba)
L’objectif de ce Site Web est de démontrer que les Baluba forment un peuple Bantu, dont l’histoire de l’organisation sociale et politique constitue un récit historique singulier au sein de l’Afrique impériale. Ils ont développé une civilisation politique et sociale qui s’est étendue à travers l’Afrique centrale et australe (Mutonkole, 2007 : 95-96).
À l’instar des Yoruba, les Baluba ont largement diffusé les cultures et les civilisations bantoues en Afrique australe (Mulundwe, 2001 : 60-63). Leur caractéristique principale réside dans leur État, marqué par une organisation administrative si mature que les peuples voisins les ont souvent imités (Petit, 1993 : 5-6 ; Neyt, 1994 : 96). Ce système politique a été l’objet de nombreuses études scientifiques. Il est donc crucial de présenter ici la version interne de l’histoire sociopolitique et de l’expansion des Baluba en Afrique centrale et australe.
Notre objectif consiste à livrer un essai aux Baluba le permettant à découvrir la grandeur et la prééminence civilisationnelle historique des Baluba, particulièrement en ce qui concerne leur civilisation, leurs multiples conquêtes, et leur puissance techno-militaire qui ont élevé le Buluba au rang de superpuissance économique et militaire du XVIIIᵉ siècle à la fin du XIXᵉ siècle.
Le restaurationnisme implique l’interprétation de l’histoire selon la mémoire collective kiluba, soit la présentation fidèle telle que conçue et interprétée par les autochtones. Il est crucial de souligner que cette mémoire collective repose sur un passé partagé par les citoyens, forgeant ainsi leur identité historique. Cette histoire demeurerait incomplète sans une division en périodes distinctes et significatives.
La nature même de l’histoire kiluba la classe parmi les plus éminentes, voire supérieures, comparées aux récits d’autres peuples avec lesquels nous partageons notre humanité commune. Afin que cette histoire glorieuse soit pleinement assimilée et comprise, elle doit être segmentée en périodes correspondant aux grands événements survenus dans le Buluba, patrie des Baluba, locuteurs de la langue kiluba, ainsi qu’aux moments marquants de l’histoire kiluba, tels que les progrès scientifiques et technologiques, tout en tenant compte des événements mineurs et éphémères comme l’agression et la colonisation belge. Il est essentiel de structurer l’histoire kiluba à travers une chronologie relative qui favorisera une meilleure compréhension de son développement.
L’essence de notre démarche scientifique réside dans la possibilité offerte aux Baluba et aux observateurs neutres de distinguer les différentes phases de l’histoire kiluba, s’étendant sur une période d’au moins dix millénaires. Notre objectif est de rendre accessible aux Baluba d’aujourd’hui et aux générations futures une histoire qui soit une source légitime de fierté pour l’ethnie kiluba, en tant que nation pionnière des peuples. En effet, les ancêtres Baluba ont accompli des exploits remarquables, sans précédent en Afrique centrale et australe, dans les domaines scientifique, social, culturel, politique, militaire et économique.
Il est également crucial de démontrer comment ces avancées kiluba ont été obscurcies par deux événements majeurs : les guerres civiles de 1880 à 1905 et la colonisation, qui ont profondément affecté de manière négative la nation kiluba. Cependant, il existe une possibilité de restaurer cette gloire, condition sine qua non pour cela étant de comprendre et d’apprécier les réalisations de nos ancêtres.
Les Baluba se distinguent par leur rôle éminent en tant que politiciens, commerçants, agriculteurs, guerriers conquérants, scientifiques, artistes-artisans, musiciens, penseurs et hommes de foi. Leur histoire est marquée par des réalisations remarquables qui ont profondément influencé leurs contemporains et continuent à inspirer admiration, intelligence et sagesse, tout en incarnant les valeurs éthiques et l’idéal civilisationnel kiluba. Un témoignage éclatant de cette haute civilisation artistique et politique des anciens Baluba est perceptible au Musée royal de l’Afrique centrale à Tervuren (Belgique), ainsi que dans les travaux de Mary Nooter Robert.
Toutefois, le manque d’intérêt actuel des Baluba pour leur propre histoire représente un véritable malheur. Il est impératif que ce peuple renoue avec son passé, ses ancêtres et surtout sa spiritualité. La période de la présence belge, qui a induit une aliénation culturelle touchant non seulement l’économie mais aussi les aspects culturels, sociaux et politiques, a engendré des tensions identitaires profondes qu’il est essentiel de surmonter. Cette réconciliation revêt une importance capitale, car une vaste majorité des Baluba aspire à mettre fin à cette aliénation historique et sociopolitique. Ils tiennent fermement à préserver leur identité, leur langue, leur histoire, leur culture, leurs traditions et leur mode de vie.
Il est constaté qu’il existe une volonté politique de favoriser la langue des ressortissants du Kasayi au détriment du kiluba, bien que cette dernière soit essentielle pour préserver l’ensemble des savoirs vivre, savoir-faire et savoir-être. Il est également crucial de souligner que les traditions kiluba sont perturbées et menacées par l’adoption de cultures, théories, théologies et langues étrangères telles que le swahili, le français, le lingala, à travers tout le territoire des Baluba. Pour mettre un terme à cette assimilation culturelle et intellectuelle qui nous est imposée, il est impératif d’acquérir une compréhension authentique de l’histoire kiluba. Cette connaissance peut inciter à agir avant qu’il ne soit trop tard.
Ce livre est spécifiquement conçu pour dévoiler l’histoire continue des Baluba et encourager une réconciliation globale des Baluba modernes avec leur mémoire collective.
L’histoire kiluba actuellement consignée présente des lacunes substantielles. Des interprétations erronées de la culture, de l’histoire politique et de la civilisation ont été érigées en vérités scientifiques absolues par certains chercheurs. Ces assertions incohérentes et ces distorsions historiques concernant le peuple Múlúba ont été largement diffusées à l’échelle mondiale. Il est impératif de rectifier humblement et modestement ces contre-vérités.
Notre objectif n’est pas de nous attarder sur les écrits antérieurs relatifs à la société kiluba, mais de présenter une version de l’histoire conforme à la sociologie kiluba. Nous n’avons pas la prétention d’écrire un récit exhaustif de cette histoire, bien que nous possédions une connaissance approfondie de la culture kiluba. En tant qu’autochtone de la région où cette histoire a pris racine, notre contribution en tant que chercheur est significative. De plus, étant issu d’une famille royale, nous avons eu le privilège d’interagir avec des initiés, des rois et des gardiens expérimentés de la culture et de l’histoire politique kiluba.
En grandissant, nous avons pris conscience de la méconnaissance répandue du peuple Múlúba, tant en République Démocratique du Congo qu’en Afrique. Il est souvent confondu avec les ressortissants du Kasayi, principalement les Bahèmba, désignés par les colonisateurs comme les “Baluba du Kasayi” (Kabuya, 1992 : 35).
La complexité entourant l’identité kiluba nous oblige à intégrer un chapitre dédié aux Bahèmba dans cet ouvrage, dans le but d’éclairer et de perfectionner la réécriture de l’histoire kiluba. Cet essai s’engage à présenter un premier état de l’histoire politique Kiluba, en se fondant sur les données de la littérature orale ainsi que sur quelques sources écrites par les missionnaires et les administrateurs territoriaux de l’époque coloniale. Ces observateurs ont exploré le territoire des Baluba au début du XXème siècle et ont participé activement à la vie communautaire des Baluba. Il est à noter qu’il existe actuellement peu d’études universitaires et académiques traitant spécifiquement du système politique kiluba selon la perspective interne des autochtones. Ce travail vise donc à combler cette lacune scientifique. Pour ce faire, nous nous appuyons sur les données des sciences auxiliaires de l’histoire.
Méthodologie de recherche
Ce travail repose sur une méthodologie hybride qui conjugue la recherche fondamentale, basée sur la collecte de données tirées de la tradition orale sur le terrain car nous accordons une importance cruciale à la tradition orale pour reconstruire les différentes périodes de l’histoire des Baluba, tant récentes qu’anciennes, et une recherche documentaire rigoureuse en bibliothèque. Notre objectif est d’examiner et de critiquer les possibles déformations de notre histoire telles qu’elles sont présentées dans les ouvrages publiés sur l’histoire et la culture kiluba.
Notre approche méthodologique intègre également la méthode herméneutique, qui fait appel à plusieurs disciplines scientifiques telles que l’archéologie, l’ethnologie, la linguistique et les arts plastiques (Mulundwe, 2019 : 70). Ce cadre analytique nous permet de contextualiser de manière relative les débuts de la complexité sociopolitique kiluba ainsi que le rôle de la femme au sein de la société baluba.
Pour retracer de manière exhaustive l’histoire générale des Baluba depuis le cinquième siècle, nous avons adopté une approche interdisciplinaire intégrant l’ethnologie, l’archéologie, la linguistique et l’histoire. Malgré la nécessité de formuler des affirmations claires dans un souci de clarté et de compréhension, il est primordial de souligner que toutes les conclusions avancées dans cet essai demeurent que des hypothèses contestables sur le plan scientifique.
Étymologie
L’étymologie revêt une importance cruciale dans les études scientifiques, notamment lorsqu’elle porte sur l’histoire des peuples africains, nécessitant une approche décolonisée. Les chercheurs occidentaux et les intellectuels africains qui ont adopté les théories euro-centristes utilisent souvent un lexique étymologique colonial dans leurs travaux scientifiques. Ce lexique emploie des termes, des catégories et des concepts développés pendant la période coloniale pour décrire et classifier les peuples d’Afrique. Cependant, ce vocabulaire reflète principalement la perspective des colonisateurs et les priorités de l’administration coloniale (Lefebvre, 2023 : 14). Parmi les vocables de ce lexique, nous citerons :
« Afrique précoloniale », « conquête », « pénétration », « expédition », « pacification », « indigènes », « soumission », « influence coloniale », « chefs de village », « chefferie », « royaume », « tribu ou ethnie », « colonisés », « esclaves », « mission civilisatrice ».
Ce lexique a été utilisé pour définir, décrire et conceptualiser les actions néfastes de l’administration coloniale. A notre avis, les chercheurs occidentaux et africains n’ont plus à recourir aux mêmes mots afin de désigner ce qu’était par exemple la colonisation. Rappelons que « la langue est une technologie de pouvoir », et qu’elle reflète et forme notre vision du monde :
« Les mots ne sont pas seulement des étiquettes que l’on met sur la réalité, ils sont en soi des catégories qui façonnent la réalité, les mots ne désignent pas la réalité, ils en sont une interprétation. Les mots délimitent ce qui est pertinent, ce qui est utile, ce qui fait sens pour notre appréhension du monde. Ils sont profondément ancrés dans la culture qui nous imprègne. La langue n’est donc jamais neutre » (CNCD – 2020).
Nous parlerions mieux de guerres, d’occupation barbare, de peuple, des populations, de nation ou de société africaine (nation kiluba en l’occurrence), de Souverain, d’État, d’Afrique Impériale…, pour décrire les réalités de l’histoire de la colonisation ainsi que le passé des peuples africains.
Devant le problème de traduction, nous avons opter d’utiliser certains mots tels qu’ils sont prononcés dans la culture du peuple que nous avons entrepris cette étude.
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- Kiluba : est un mot polysémique. Il signifie la langue ou ludimi lwa kiluba, (langue kiluba). Il a un sens d’un nom de personnes, je m’appelle Kiluba. Il désigne les noms des céréales : matab’a kiluba (maïs d’origine de Buluba), ou kisuku kya kiluba (poterie du style des Baluba). On utilise ce terme pour se référer à la civilisation, le pouvoir politique et la force…, en un mot ce mot a un sens de ce qui appartient au peuple Múlúba (Mutonkole, 2007 : 94). Ce terme de kiluba sera utilisé dans le sens politique, culturel et social. La société kiluba signifie la nation des Baluba par exemple.
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- Múlúba est le nom générique des hommes et femmes qui composent la Nation kiluba et son pluriel est les Baluba. On dit : « ami ne Múlúba » (Je suis Múlúba), ou « batwe twi Baluba » (Nous sommes les Baluba). Les Baluba ne s’appellent pas « Luba ». Ce terme sans le suffixe « mu » se traduit littéralement par « maladie » et sa consécration comme le superlatif identifiant les Baluba par la communauté scientifique est à corriger. Et ce terme peut aussi être le nom d’une personne car on connaît les personnes qui s’appellent Múlúba Kazadi, Kasongo wa Múlúba…
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- Bulopwe : c’est le régime politique du peuple Múlúba. Dans la littérature dominante le Bulopwe est appelé “Empire des Baluba” une appellation que nous rejetons fermement car ne reflétant pas la réalité historique. Nous n’avons pas voulu traduire ce terme en français car il n’a pas son équivalent en langue française. Le chef suprême de ce régime est appelé Múlopwé qui n’a pas non plus son équivalent et donc nous allons l’utiliser comme tel, (Mutonkole Lunda wa Ngoyi, 2007 : 93).
- Lukasa : est le nom du système d’écriture kiluba.
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- Kibundi (pl. Bibundi) qui signifie village.
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- Kîlo (pl. Bîlo) : une ville ou cité car le peuple Múlúba faisait une différence entre le village et une ville.
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- Bulolo est la région (un ensemble des de cent à deux-cents Bibundi et Bîlo).
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- Nsala est une province.
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- Buluba c’est le nom du pays du peuple Múlúba.
5 Replies to “Objectifs du Site Web”
Kasoka Nkulu, septembre 16, 2024
As Múlúba people I am proud to hear this information about my nation
Ngoie, décembre 9, 2024
Mes sincères félicitations à toute l’équipe qui a entrepris ce travail des titans.
Ilunga wa Ilunga Victor, septembre 17, 2024
Merci pour le travail bien fait.
Je suggère que parmi les mots clés, ”KILUBA ET BULUBA ” puissent figurer dans les mots clés.
Encore une fois, merci pour le meilleur et bon travail abattu.
Nego, décembre 9, 2024
Mwafaiko bikatampe banwe bonso.
Isaac BAJIMA Privé, décembre 9, 2024
Nous sommes très ravis de l’ouverture au publique de notre site qui reprend notre histoire, nous remercions ceux et celles qui se sont d’une manière ou d’une autre pour que ce projet soit une réalité. Un merci spécial pour notre frère, le Mulopwe Kyengé Kisoke pour avoir pensé à la création de ce site. Nous lui promettons notre soutien pour d’autres projet à caractère culturel ou dans d’autres domaines. Wenu ILUNGA KATUMBA BAJIMA Isaac Mufundiji